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Localisation des ODD dans les communes bangladaises

© sneha saran, flickr, 2017

Le Bangladesh devrait sortir de la liste des pays les moins avancés (PMA) d’ici 2026. Son développement économique est toutefois menacé par les répercussions du changement climatique. Selon l’Indice mondial des risques climatiques de 2020, le Bangladesh est le 7e des 10 pays les plus touchés par des événements météorologiques extrêmes. L’adaptation au changement climatique est donc cruciale pour le développement du pays. En outre, le pays affichant un des taux d’urbanisation les plus élevés au monde, il est probable que 50 % des Bangladais vivront en milieu urbain d’ici 2037. Le pays a donc tout intérêt à mettre l’accent sur la localisation des ODD dans les zones urbaines.

Mis en œuvre en coopération avec la division Relations économiques du ministère des Finances, le projet conjoint de la GIZ « Improved Coordination of International Climate Finance » (Coordination améliorée du financement international de l’action climatique – ICICF) vise à renforcer les capacités locales et nationales du pays afin d’améliorer l’accès aux financements et d’appuyer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

À la recherche de fonds supplémentaires pour lutter contre le changement climatique, le pays souhaite obtenir un meilleur accès au financement international de l’action climatique grâce aux mesures suivantes :

  1. faire appel à des partenaires de développement bilatéraux et multilatéraux et à des sources de financement internationales, et
  2. mobiliser des financements durables auprès du secteur privé.

Ces approches sont intégrées au 8e plan quinquennal et à la stratégie de financement des ODD du pays. Le Bangladesh a déjà défini des objectifs nationaux prioritaires, réalisé une cartographie et élaboré une stratégie de financement des ODD ainsi qu’un plan d’action national et un cadre de suivi et évaluation pour renforcer les efforts nationaux en faveur des ODD. Toutefois, les agents publics locaux manquent d’outils et de capacités pour faire remonter les informations relatives à la progression des processus liés aux ODD au niveau national, ce qui signifie que les résultats ainsi obtenus ne figurent pas dans les examens nationaux volontaires.

Amélioration des capacités de remontée d’information sur les ODD

Axé sur l’élaboration de projets climatiques prêts à être financés, le projet conjoint porte notamment sur l’implication du secteur privé. Il vise à mobiliser des sources supplémentaires de financement de l’action climatique en poursuivant les trois objectifs suivants :

  1. appuyer la création d’une cellule internationale sur le financement de l’action climatique au sein du ministère des Finances pour améliorer l’accès au financement ;
  2. élaborer des projets climatiques bancables permettant d’atteindre les ODD en coopération avec le secteur privé pour attirer les financeurs ;
  3. impliquer des acteurs locaux dans la réalisation des ODD, dans le cadre de projets d’adaptation.

Axé sur l’objectif 3, le projet souligne la nécessité d’améliorer la capacité à reconnaître les contributions locales à la réalisation des ODD et de faire remonter ces informations au niveau national. La localisation des ODD est mise en œuvre en collaboration avec l’unité d’innovation en matière de gouvernance (Governance Innovation Unit – GIU) et avec le cabinet du Premier ministre, qui est le principal organe de coordination des ODD au Bangladesh.

L’Institut national des administrations locales (National Institute of Local Government – NILG) est chargé du renforcement des capacités et des travaux de recherche qui doivent être menés au niveau local au sein des institutions gouvernementales. Un manuel des ODD, élaboré par l’institut, met l’accent sur la localisation au niveau des districts et de leurs subdivisions. Combiné à la boîte à outils City WORKS, le processus de localisation des ODD pourrait être élargi aux administrations locales et s’attaquer aux grands problèmes d’environnement et de durabilité qu’elles rencontrent. En coopération étroite avec la GIZ, avec le NILG et avec une équipe d’expert·e·s nationaux·ales de l’université d’ingénierie et de technologie du Bangladesh, une équipe de consultant·e·s internationaux·ales a participé à la création, à la personnalisation et à la validation d’une large approche de formation pratique ainsi que d’un outil de localisation basé sur Excel pour les agents publics des administrations locales. L’outil a été testé auprès de 13 agents publics d’une commune, avant d’être révisé suite au feedback des différents services de la ville.

Application de City WORKS et du manuel des ODD

Au total, 15 formateur·rice·s du NILG et 2 de l’unité d’innovation en matière de gouvernance (GIU) ont été formé·e·s à City WORKS. L’approche personnalisée élaborée conjointement est également intégrée au cursus annuel du NILG. Une formation intitulée « Outils et méthodes de localisation des ODD pour les communes du Bangladesh » (Tools and Methods of SDG Localisation for City Corporations and Municipalities of Bangladesh) a été créée avec la participation de 31 agents publics et de 8 représentant·e·s de six communes. Grâce à la présence de représentant·e·s du cabinet du Premier ministre, du NILG et de communes, les participant·e·s se sont formé·e·s à la localisation des ODD, à la conception et à la mise en œuvre de projets alignés sur les ODD et à la rédaction de rapports pertinents sur les résultats obtenus.

La formation permet d’évaluer les priorités locales, de définir des valeurs de référence et de s’appuyer sur le travail de mise en relation des objectifs mondiaux et des indicateurs nationaux déjà réalisé pour planifier les projets. Le fait de collaborer avec des institutions nationales et locales a permis de mieux comprendre les besoins locaux et d’élaborer une formation personnalisée, adaptée aux exigences locales. Convivial, le manuel des ODD basé sur Excel a permis aux participant·e·s de concevoir des indicateurs pour les processus de localisation et de les comprendre.

©Luciana Maia, 2023

Grâce aux formations, les administrations locales sont mieux à même d’identifier les contributions aux ODD de leurs projets de mise en œuvre. Il est dorénavant possible de quantifier la progression des ODD au niveau local et de faire remonter ces informations au niveau national afin d’étendre les avancées réalisées dans la concrétisation des ODD au Bangladesh.

Accroître la visibilité des contributions infranationales aux ODD

© GIZ/Lennard Kehl

l’objectif au Ghana était de mettre en place un système de suivi adéquat au niveau régional qui contribue au reporting national sur les ODD. Quelles données existent déjà ? Et quel type de données convient réellement pour le reporting (local) sur les ODD ? Le président Nana Akufo-Addo cherche à positionner le Ghana comme pays pionnier dans le processus de réalisation des ODD. Depuis 2016, les ODD sont ancrés au niveau national, leur mise en œuvre étant placée sous le commandement direct du Comité ministériel de haut niveau et de la Commission nationale de planification du développement (NDPC) en tant que principal organisme de mise en œuvre. Une plateforme des organisations de la société civile sur les ODD a en outre été créée peu après l’adoption de l’Agenda 2030 afin de coordonner les efforts pour atteindre les ODD. Cette plateforme réunit plus de 300 syndicats, organisations communautaires, ONG et autres groupes. Au niveau infranational, elle coordonne les efforts, partage les informations et favorise l’apprentissage entre pairs. Au niveau national, elle sert d’espace de collaboration entre les OSC, le gouvernement et le secteur privé.

Mais si la mise en œuvre des ODD constitue une priorité dans l’élaboration des politiques nationales, les autorités régionales et locales n’ont pas été suffisamment impliquées dans le processus et sont donc moins conscientes de leur rôle et de leurs contributions potentielles. Or, pour garantir un engagement effectif en faveur des ODD et de la vision de l’Agenda 2030 consistant à « ne laisser personne de côté », il est nécessaire d’adopter une approche multi-niveaux et multi-acteurs qui prête attention à la fois à des données de qualité, mais également à des acteurs et institutions locaux capables de mettre en œuvre, de suivre et de rendre compte de l’Agenda 2030.

L’objectif au Ghana était ainsi de mettre en place un système de suivi adéquat au niveau régional pour favoriser la sensibilisation et améliorer la localisation des ODD là où les données sont principalement collectées : dans les villes, dans les municipalités et dans les districts. Pour ce faire, la tâche principale consistait à identifier les données déjà collectées et le type de données qui conviennent au reporting (local) sur les ODD.

Dans ce contexte, le programme de soutien à la réforme de la décentralisation (SfDR) de la GIZ, qui était une collaboration conjointe entre le gouvernement du Ghana et le gouvernement allemand, a collaboré avec 60 autorités de district, le gouvernement national et des organisations de la société civile. Parmi celles-ci, trois districts partenaires de la région de Volta, à savoir Ho, Ketu South et South Tongu, ont été sélectionnés comme régions pilotes pour améliorer les capacités de reporting infranationales.

Localiser les ODD avec l’approche City WORKS 

Le processus de localisation a été lancé par un atelier de deux jours en novembre 2018. L’amélioration de la coopération intersectorielle étant essentielle pour atteindre les ODD, les quelque 25 participants provenaient d’un large éventail de services municipaux, de district et régionaux, tels que les statistiques, le budget, la planification régionale et économique, la santé, l’égalité des genres, l’éducation et la protection de l’environnement.

Conformément à la méthode City WORKS, l’atelier était structuré en différentes phases. La première phase était axée sur la sensibilisation et l’acquisition d’une compréhension globale et contextuelle des ODD. En choisissant des points d’entrée appropriés, les ODD ont été liés aux priorités de chaque ville ainsi qu’aux plans de développement des districts. Cela a permis aux participants de relier les ODD à leur travail quotidien et de les comprendre comme un cadre d’orientation.

L’auto-évaluation à l’aide de la roue des ODD a en outre été perçue comme très utile. Elle a permis une réflexion critique et approfondie sur la mise en œuvre actuelle de certains ODD, en attirant particulièrement l’attention sur les défis liés à la collecte et à la disponibilité des données. L’évaluation a également démontré que chaque personne et chaque service comptait, comme l’a déclaré le responsable de l’environnement du district de Ho : « J’ai réellement compris les ODD et je sais maintenant que j’ai un rôle majeur à jouer pour les faire atteindre ».

Les discussions animées de la première phase de l’atelier ont ainsi aidé les participants à mieux se positionner et à comprendre leur rôle dans le processus de localisation des ODD. Elles ont également permis d’initier l’apprentissage entre pairs et l’échange à travers les districts.

La deuxième phase de l’atelier visait à identifier des mesures plus spécifiques pour un cadre de suivi efficace. À cette fin, une analyse détaillée des cibles critiques des ODD a été réalisée. L’exercice a montré que les participants avaient une bonne compréhension des défis existants en matière de données. Sur la base de l’analyse et de la présentation de success stories dans différents domaines sectoriels, les participants ont ensuite formulé des idées pour une gestion plus efficace des données et établi des indicateurs spécifiques et localisés des ODD pour mieux mesurer les progrès et combler les lacunes identifiées en matière de données.

Enfin, pour favoriser la mise en œuvre des mesures précédemment définies, chaque district a préparé un plan d’action. Ces plans comportaient des activités dans les domaines de la sensibilisation, de l’engagement des parties prenantes, du développement des capacités et de la gestion des données, et définissaient un calendrier et des responsabilités pour chaque activité.

Que s’est-il ensuite passé ?

Pour diffuser les connaissances nouvellement acquises, deux autres sessions de formation (l’une sur la visualisation des données et l’autre sur le suivi et l’évaluation) ont été organisées dans chacun des trois districts pilotes, puis étendues aux cinquante-sept autres districts partenaires du programme SfDR. Une visualisation efficace des données est essentielle pour communiquer sur les données relatives aux ODD d’une manière plus accessible et compréhensible. Outre les rapports, des supports de communication tels que des dépliants et des bannières ont été créés. Visionnez la vidéo suivante pour entendre ce que Doreen Korkor Dugbatey, statisticienne adjointe à la municipalité de Tarkwa-Nsuaem, a à partager sur ce qu’elle a appris :

À la suite de la deuxième session de formation sur le suivi des ODD, une plateforme de données sur le développement des districts (DDDP) a été conçue. Cette plateforme répond aux lacunes identifiées en matière de qualité et d’assurance des données et comprend des outils de visualisation et de suivi des ODD. Rassemblant le suivi et le reporting locaux, régionaux et nationaux, elle fournit ainsi un système de suivi complet. Son interface publique permet en outre une interaction avec les plateformes d’autres institutions (internationales). Jetez un œil à cette courte vidéo d’introduction sur la DDDP:

La phase de pilotage s’étant avérée très fructueuse, l’institutionnalisation du processus susmentionné au niveau national prend actuellement forme. Dans le cadre de la révision des lignes directrices et du cadre de la politique nationale du Ghana pour les districts, certains des outils City WORKS, tels que l’auto-évaluation des ODD, seront intégrés et deviendront obligatoires pour toutes les municipalités et tous les districts. Sur la base des outils City WORKS, des feuilles de route ont en outre été élaborées par les districts qui ont bénéficié d’un soutien pour les intégrer dans leurs plans de développement à moyen terme (MTDP). Les MTDP ont permis d’élaborer des plans d’action et de développement annuels des districts pour être mis en œuvre.

En dehors de ces développements globaux, un hackathon (l’une des nombreuses idées innovantes envisagées lors de l’atelier de lancement) a été organisé en 2019. Durant ce hackathon, deux applications pour les données générées par les citoyens ont été développées par la GIZ et ses partenaires, le service statistique du Ghana (GSS) étant l’organisme principal. Ces applications permettent de signaler facilement et anonymement aux autorités municipales concernées des incidents allant de la violence sexiste à la mauvaise gestion des déchets. Après une première phase de test et de lancement réussie en 2020, les applications ont été testées dans trois districts (Central Gonja, Bono East et Ho). Dans une prochaine étape, elles seront étendues à d’autres districts avant de devenir entièrement accessibles au public.